Anna Sanson,Versailles, à sa fille, 1896

Anna Sanson,Versailles, à sa fille, 1896

Messagede Carman le Sam 4 Oct 2008 16:48

Versailles Dimanche soir 12 Juillet

Chère mignonne, je ne doute pas que vous n'ayez eu beau temps pour votre nouveau déjeuner sur l'herbe. Je pense que vous n'aurez pas eu d'orage, mais je serais surprise si vous me disiez que vous avez eu frais, bien que ton père ait trouvé la température d'aujourd'hui tout à fait de son goût. Aussi est-il allé entendre le concert au parc. Moi je me suis contentée d'aller jusqu'à St Symphorien et au retour j'ai trouvé Mme Gustave qui m'attendait avec ses enfants. Elle a passé une grande heure avec moi, dans le jardin, pendant que Jacques et France jouaient avec les petites voitures que je leur avais fait descendre et paraissaient se bien amuser. J'ai profité de sa visite pour tâcher de me renseigner sur les habitudes de sa belle mère et de ses belles-soeurs en fait de messes. Elle m'a dit qu'il se dit à Clagny le Dimanche trois ou quatre messes. La première à 7 h; la dernière à 9 h et ces dames vont tantôt à l'une tantôt à une autre. Quelquefois même elles se séparent et ne vont pas toutes les trois à la même messe ! Dans ces conditions là il n'est guère facile de les faire voir. Mais Mme Gustave offre d'inviter un Dimanche ses belles soeurs à déjeuner et de les conduire au Salut à St Symphorien où tu pourrais montrer Jeanne au capitaine L. Je n'ai mis Mme G qu'à moitié au courant de l'affaire. Je lui ai laissé complètement ignorer que j'en eusse parlé à Mme L. Elle croit simplement que tu veux faire voir Jeanne au capitaine L. avant de faire des ouvertures à sa Belle-Mère. Elle pense que maintenant Jeanne a pris son parti de rester fille et aura quelque peine à se décider à changer ses habitudes. J'ai été un peu surprise d'apprendre que Mme Loyer mère avait à peine 60 ans; je lui eusse facilement donné dix ans de plus. Mme Gustave qui a exécuté ton Laudate dominum que je ne puis entendre sans repenser à ton propre mariage, et toujours avec plaisir. Le fiancé étant à l'ecole de guerre les uniformes abondaient. J'ai pu à la sacristie causer assez longtemps avec Mme Caillier pendant que ton père s'entretenait avec le général. Lucien a été reçu à la 2ième partie de son baccalauréat; mais Mme Cailliot ne sait pas ce qu'elle va faire. Il va y avoir la semaine prochaine une consultation de chirurgiens qui décideront où l'on peut transporter Lucien pour son plus grand bien. Elle ne pense pas quitter Paris avant la fin du mois et m'a promis de faire tout ce qu'elle pourrait pour amener sa petite fille voir les tiennes, parce que je lui ai assuré que tu ne tarderais pas beaucoup à arriver. Marguerite Morache que j'ai vue aussi doit également tenter de te rencontrer, si elle vient à Versailles avant de quitter Paris, à la fin de ce mois.
Hélène et le général ont beaucoup demandé de tes nouvelles, mais Hélène ne m'a point présenté son mari, qui devait être non loin d'elle, et ne m'a pas annoncé sa visite.
Il fait toujours chaud, bien qu'en voiture découverte on ressente une petite brise fort agréable.
Ce que tu nous as écrit des compliments adressés par le général de France à ton mari nous a fait grand plaisir, sans nous surprendre.
En ai-je encore pour longtemps à te dire à bientôt ?
En attendant que nous puissions le faire effectivement, nous t'embrassons de coeur bien tendrement en envoyant à ton mari mille amitiés.
Ta mère affectionnée
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Carman
 
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